RESISTANCE A L'INSULINE

La résistance à l’insuline (9) ) Covid 19 long et obésité (5)

Covid 19 long et obésité par le dr Nguyen

De nombreuses études soulignent aujourd’hui le lien entre l’obésité, le diabète de type 2, et la sévérité du covid-19. On sait que les personnes obèses présentent des difficultés respiratoires causées par une limitation de l’expansion de la cage thoracique, ce qui diminue le flux d’air entrant et entretient une hypoventilation alvéolaire. Ce faible potentiel respiratoire les prédispose à un risque d’intubation en cas de complications infectieuses pulmonaires et les expose alors davantage à des pneumopathies d’inhalation. Une étude à Lille a montré que plus de 50 % des patients en réanimation pour covid-19 étaient obèses, et 68,6 % de ces patients nécessitaient une ventilation mécanique invasive. Une autre étude à Lyon a confirmé que les patients obèses étaient plus susceptibles de nécessiter une ventilation mécanique invasive.

 

Covid long, obésité et complications

En outre, le covid long, de même que le covid, a très vite été mis en lien avec l’obésité. Globalement, la perturbation du fonctionnement du tissu adipeux, à la suite du stockage anormal, permanent et massif retrouvé dans l’obésité, a des répercussions très lourdes sur l’ensemble du métabolisme de l’organisme. Cela aboutit à des complications cardio-vasculaires, pulmonaires et immunitaires prédisposant la personne obèse à des complications graves lors d’infections, notamment virales. En 2009, il avait déjà été montré un lien entre l’obésité et le nombre de personnes décédées lors de l’épidémie de grippe H1N1 et il semblerait que ce soit également le cas pour le covid-19.

 

Mortalité augmentée

Une étude mexicaine a trouvé que les patients covid-19 diabétiques avaient un taux de mortalité de 21,8 %, comparé à 7,7 % pour les non-diabétiques. L’obésité augmente la sensibilité à l’entrée du virus en raison de l’expression élevée des récepteurs ACE2 dans le tissu adipeux et aggrave le risque d’une réponse inflammatoire excessive en cas d’infection.

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Contamination au covid-19 et inflammation

Le virus SARS-CoV-2 entre dans les cellules via le récepteur ACE2, exprimé dans de nombreux organes, facilitant ainsi une atteinte multi-organe. L’infection entraîne une production d’interférons de type I par les cellules infectées, qui activent les macrophages et les neutrophiles pour libérer des cytokines pro-inflammatoires comme l’IL-6 et le TNF-a. Ces cytokines jouent un rôle essentiel dans la défense antivirale mais aussi dans la pathogenèse du virus, provoquant une inflammation sévère et le développement de la tempête cytokinique.

 

Obésité et inflammation[1]

L’inflammation jouerait un rôle crucial dans le lien entre obésité, covid long et complications morbides. On sait que le tissu adipeux, normalement enrichi en cellules immunitaires anti-inflammatoires, subit de profonds changements lors de la prise de poids excessive. Le stockage induit une hypertrophie et une hyperplasie des adipocytes, et leur activité endocrine est modifiée.

 

Celle-ci conduit à une augmentation de la signalisation pro-inflammatoire (via la sécrétion de cytokines comme le facteur de nécrose tumorale (TNF-a), l’interleukine 1 (IL- 1) et l’interleukine 6 (IL-6)). L’état basal d’un obèse est donc qualifié « d’inflammation systémique de bas grade » (où le TNF-a, l’IL-1 et l’IL-6 sont considérés comme la principale triade pro-inflammatoire qui favorise la survenue des complications de l’obésité).

 

Ces altérations de la signalisation cytokinique sont associées à des modifications de la composition en cellules immunitaires, avec une diminution du nombre de cellules anti-inflammatoires (lymphocytes TH2 et T régulateurs) et, au contraire, une augmentation du nombre de lymphocytes pro-inflammatoires (TH1 et CD8+).

 

De plus, l’apport important de glucides et de lipides est un stimulus qui induit à la fois une augmentation de l’activation des macrophages pro-inflammatoires M1 et une chimio-attraction de ceux-ci, ce qui favorise leur recrutement et aggrave l’inflammation.

 

Par ailleurs, les adipocytes sécrètent également de la leptine, une hormone pro-inflammatoire. Sa production est proportionnelle à la quantité de tissu adipeux, donc fortement accrue en situation d’obésité. L’obèse présente alors des taux circulants élevés de leptine, mais il existe une résistance périphérique à cette hormone qui induit, d’une part, une augmentation des risques cardiovasculaires et, d’autre part, une inhibition des LT cytotoxiques (LT CD8+) ainsi qu’une diminution du nombre de LT-mémoires alors que ces cellules sont essentielles au développement d’une immunité secondaire dirigée contre des pathogènes déjà rencontrés. Ainsi, la réduction du nombre de lymphocytes, couplée à leur fonction entravée, aboutit à une réponse immunitaire inadaptée, ce qui favorise les infections virales.

 

On voit donc que l’obésité (donc la résistance à l’insuline) est une condition qui, via l’inflammation des tissus, favorise le covid long. Agir pour diminuer les facteurs d’obésité permettrait donc de limiter les dommages liés au covid long.

 

Dr. Nguyen Phuong Vinh.

[1] Anouk Charlot, Rimel Boumiza, Margot Roux, et Joffrey Zoll, « Obésité, inflammation et COVID-19 : intérêt préventif de l’alimentation cétogène ? », Biologie Aujourd’hui, 215 (1-2), p. 63-72 (2021).

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