Reflux Gastro-Œsophagien (RGO) du nourrisson (2) : Le microbiote intestinal et la dysbiose intestinale
Le microbiote intestinal est l’ensemble des milliards de micro-organismes (bactéries, virus, champignons) qui colonisent le tractus gastro-intestinal. Chez le nourrisson, le microbiote commence à se former dès la naissance et évolue rapidement au cours des premières années de vie. Il remplit plusieurs fonctions essentielles :
- Modulation du système immunitaire : Environ 70 % des cellules immunitaires résident dans l’intestin. Le microbiote aide à réguler les réponses immunitaires et à limiter les réactions inflammatoires inappropriées.
- Digestion et métabolisme : Il dégrade certains nutriments et produit des composés bénéfiques, comme les acides gras à chaîne courte.
- Protection de la barrière intestinale : En renforçant la muqueuse intestinale, le microbiote limite la pénétration de molécules étrangères susceptibles de déclencher des allergies.
Or, les nourrissons allergiques aux protéines de lait de vache expriment en fait que ce système délicat est perturbé.
APLV et Altérations du Microbiote Intestinal
Chez les bébés souffrant d’APLV, plusieurs études ont mis en évidence des dysbioses (déséquilibres du microbiote intestinal).
Caractéristiques du microbiote chez les nourrissons atteints d’APLV :
- Réduction de la diversité bactérienne :
- Les nourrissons atteints d’APLV présentent souvent une moindre diversité dans leur microbiote intestinal, ce qui est associé à une moins bonne maturation du système immunitaire.
- Les bactéries bénéfiques comme les bifidobactéries (essentielles dans les premiers mois de vie) et les lactobacilles sont fréquemment diminuées.
- Sur-représentation de certaines bactéries opportunistes :
- Les bactéries pro-inflammatoires comme les Enterobacter ou les Clostridia peuvent être présentes en excès chez les bébés APLV.
- Ces bactéries produisent des toxines et des médiateurs pro-inflammatoires qui altèrent la barrière intestinale.
- Perméabilité intestinale accrue (« leaky gut ») :
- Chez les bébés allergiques, une muqueuse intestinale altérée permet aux protéines alimentaires (notamment les protéines de lait de vache) de traverser la paroi intestinale et d’entrer en contact avec le système immunitaire, déclenchant des réponses allergiques.
- Inflammation chronique :
- Les déséquilibres microbiens favorisent une inflammation locale dans l’intestin, perturbant davantage la tolérance alimentaire et favorisant les symptômes allergiques.
Facteurs influençant la relation APLV-microbiote :
- Mode de naissance :
- Les bébés nés par césarienne ont un microbiote initial différent (moins de bifidobactéries), ce qui peut augmenter leur susceptibilité à des allergies alimentaires, y compris l’APLV.
- Allaitement maternel :
- Le lait maternel favorise la croissance de bactéries bénéfiques comme les bifidobactéries, qui protègent contre les allergies.
- Cependant, même les nourrissons allaités peuvent développer une APLV, en raison du passage de petites quantités de protéines de lait de vache dans le lait maternel.
- Exposition précoce aux antibiotiques :
- Les antibiotiques administrés à la mère (durant la grossesse ou autour de l’accouchement) ou au nourrisson peuvent perturber le microbiote, augmentant le risque d’allergies.
- Contactez-nous au 01 45 25 35 14
- Écrivez-nous
- 224 Avenue du Maine Paris, 14ème
Impact de l’APLV sur la Santé à Long Terme via le Microbiote
Le microbiote joue un rôle clé non seulement dans l’évolution de l’APLV mais aussi dans la santé globale du nourrisson à long terme. Une dysbiose prolongée peut avoir des répercussions durables :
- Sensibilisation croisée : Les enfants présentant une APLV non résolue peuvent développer des sensibilités à d’autres aliments (bœuf, porc, soja, œufs, arachides, etc.), probablement en raison d’un déséquilibre persistant du microbiote.
- Maladies chroniques : Un microbiote déséquilibré est associé à un risque accru de maladies inflammatoires de l’intestin (MICI), d’allergies respiratoires (asthme) ou de troubles métaboliques (diabète de type 1).
RGO et APLV : Un lien clé
L’APLV ne serait donc qu’une manifestation de dysbiose intestinale chez le bébé. Elle concerne au moins (sous-diagnostic très probable) 2 à 3 % des nourrissons allaités et jusqu’à 7 % des bébés nourris au lait artificiel. Chez ces enfants, l’ingestion de protéines de lait de vache provoque une inflammation intestinale qui aggrave les symptômes de RGO :
– Agitation après les repas.
– Impossibilité de rester dans la position allongée.
– Vomissements acides.
– Selles acides et irritantes (érythème fessier).
– Sang dans les selles ou selles muqueuses.
– Éruptions cutanées ou eczéma associés (souvent mal interprétés comme venant de peaux atopiques).
– Retard de croissance en cas d’exposition prolongée.
Dr. Nguyen Phuong Vinh.