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Apport de l’Acupuncture dans les suites de soins de la chimiothérapie en Cancérologie
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Accompagner les thérapies anticancéreuses classiques
Première cause de mortalité en France, le cancer est aussi de mieux en mieux dépisté et fait l’objet de découvertes scientifiques régulières et importantes ; certains cancers sont donc en augmentation, mais d’autres en régression. La prévention et l’information sont donc capitales, car le cancer peut être lié à la fois à tout un ensemble de facteurs : tabagisme, alimentation (alcool…), prédispositions génétiques ou autres facteurs environnementaux (pollution…). Mais une fois que la maladie est là et a été dépistée, il importe de tout mettre en œuvre pour accompagner le patient dans son combat, en fortifiant son organisme et sa psyché, tout en soulageant la douleur causée par la pathologie et son traitement.
C’est là que la médecine traditionnelle chinoise (MTC) a un rôle considérable à jouer ; en effet, le cancer est une pathologie très ancienne (les premiers témoignages remontent à -3400, en Egypte ancienne) et cela fait des siècles que les médecins chinois étudient attentivement ses symptômes. Notons d’ailleurs que c’est la tumeur en général (pas seulement maligne), c’est-à-dire toute prolifération cellulaire anormalement importante au sein d’un tissu qui intéresse la MTC, toujours soucieuse d’une approche globale. Dans le cas du cancer, la MTC ne prétend certes nullement se substituer aux traitements anticancéreux classiques (chimiothérapie, irradiation), auxquels il n’existe pour l’heure pas de substituts efficaces ; il s’agit plutôt, dans un constant dialogue avec le cancérologue et le patient, de soutenir, sans lui nuire, le travail de la thérapie classique.
Et, plus que la pharmacopée chinoise, c’est une autre branche, très ancienne (vieille de plusieurs milliers d’années), de la MTC, à savoir l’acupuncture, qui s’avère la plus efficace dans l’accompagnement du traitement contre le cancer. L’acupuncture peut, avec profit et selon l’état du patient, être doublée d’un programme diététique et d’activités physiques, voire de soins psychiques
Une conception du corps particulière
Rappelons que la médecine traditionnelle chinoise s’inscrit dans toute une conception de l’organisme, basée notamment sur la dualité de la classification des phénomènes en fonction du Yin (la matière) et du Yang (principe vital de la matière), dont l’alternance maintient l’équilibre de l’énergie en mouvement (appelée Qi). L’organisme est considéré par la MTC comme ayant une base structurelle (viscères et méridiens) et une base substantielle (énergie dite Qi, sang, liquides organiques).
Ce sont les méridiens (conduits) qui, intégrés dans tout un système de communication, permettent la circulation du sang et de l’énergie, et c’est sur les méridiens que se situent les points de puncture, destinés à influer sur le cours des énergies. Lorsque de mauvais principes de dispersion (des « pervers ») sont à l’œuvre, les énergies ne circulent plus correctement ; toutes ces causes de perturbation, quels que soient les noms que l’on donnera aux pathologies qui en découlent, sont regroupées dans 3 catégories :
– externes (les 6 excès, dits pervers : vent, froid, chaleur-feu, canicule, humidité, sécheresse)
– internes (7 sentiments : joie, colère, accablement, fatigue, nostalgie, tristesse, peur, frayeur)
– ni externes-ni internes (4 causes : erreurs alimentaires, surmenage, excès sexuels, blessures ou autres).
Ces différentes causes de perturbation vont provoquer des « vides » (diminution) de yin, de yang ou de qi, donc un trouble de la circulation des énergies, puis des affections touchant divers organes. Dans le cas du cancer, il y a vide de yin et/ou de qi (donc obstruction du qi), avec présence de chaleur (d’où des glaires) et/ou d’humidité (qui s’accumule) ; la stagnation du sang, mais surtout l’affaiblissement du Zhengqi (l’Orthodoxe, énergie de la rectitude intérieure), permettent alors aux pervers (externes, internes ou alimentaires) de travailler à la formation d’une tumeur. C’est donc en visant le rétablissement de l’équilibre des énergies, c’est-à-dire surtout en renforçant le Zhengqi (l’Orthodoxe), que l’acupuncture va s’adapter, très finement à chaque type de cancer et aux déséquilibres correspondants, voire au terrain particulier de chaque patient.
Lutter contre le cancer en général et contre les douleurs liées au traitement
Un certain nombre de points peuvent être puncturés, d’une façon globale, pour lutter contre des déséquilibres classiques dans le cancer. L’on peut, par exemple, puncturer (aiguille tiède ou moxa) de manière à tonifier l’Orthodoxe : points F13 et RM12 (points hui) et éventuellement RM6. L’on peut aussi tonifier la rate et le rein, afin de renforcer ce qu’on appelle le Souffle Défensif (weiqi, qui parcourt le corps et le nourrit à la partir de la nourriture) : points V20, V23, F13, Rt6, R3.
Il existe également des affections qui touchaient le patient dès avant son cancer ou qui se sont développées en conséquence de celui-ci. Il s’agit par exemple de l’anémie (ou vide de sang) : puncturer alors les points V17, V23, V20, V21, Rt10, E36. Il peut s’agir d’un vide de qi et de sang (points VB20, DM20, Rt10, V43, Rt6, GI4, E25, et/ou V67) ; ou encore d’un vide de qi (essoufflement, difficulté à parler, épuisement, transpiration, palpitation, troubles du sommeil), entraînant des écoulements de sang : puncturer les points V20, V21, Rt6, E36, F3, RM4, RM7.
Cependant, c’est, plus exactement, la douleur qu’il importe de soulager par l’acupuncture, non seulement parce qu’elle démoralise le malade), mais aussi parce que les malades éprouvent souvent un type de douleur en rapport non pas avec l’organe cancéreux, mais avec un trajet de méridien. L’acupuncture intervient alors, avec environ 50% d’efficacité pour lutter contre la douleur qui n’est plus soulagée par des antalgiques mineurs ou, avec environ 30% d’efficacité, contre la douleur que les antalgiques majeurs (de type morphine) diminuent insuffisamment, cette efficacité variant bien sûr selon le type de lésion.
Ces douleurs corollaires au cancer sont d’ailleurs souvent la conséquence des thérapies anticancéreuses : la chimiothérapie entraîne perte de cheveux, mucites (inflammation des muqueuses internes), fatigue dépressive, dyspnée (gêne respiratoire), mais aussi (plus ou moins, selon les produits chimiques utilisés) des nausées et vomissements entraînant anorexie et déshydratation, pâleur, moiteur, tachycardie. L’acupuncture fait donc partie des soins complémentaires qui peuvent être envisagés dans le cadre d’un traitement anti-cancéreux. Les bénéfices de l’acupuncture dans ce cadre sont de plus en plus étudiés et reconnus.
Ainsi, selon l’OMS, déjà en 1979, 43 maladies étaient susceptibles de bénéficier d’un traitement d’acupuncture. Aujourd’hui, les Cochrane Database Systematic Reviews fournissent des analyses d’essais cliniques de l’acupuncture dans 40 indications. En s’appuyant sur ces revues critiques et sur quelques autres travaux récents, un groupe de chercheurs de l’Académie Nationale de Médecine conclut que l’utilité de l’acupuncture peut être considérée dans un certain nombre d’indications mentionnées :
« On peut estimer que, dans l’état actuel des connaissances, l’acupuncture peut apporter un bénéfice aux patients souffrant de lombalgie ou cervicalgie chronique, de migraine ou céphalée de tension, d’arthrose des membres inférieurs, d’épicondylite, aux femmes enceintes éprouvant des douleurs des lombes ou du bassin et lors des douleurs de l’accouchement, et pour prévenir les nausées et vomissements induits par la chimiothérapie anticancéreuse. »[1]
L’acupuncture contre les nausées et d’autres effets secondaires chez les patients traités contre le cancer
Une conséquence classique des traitements anti-cancéreux étant la nausée, de nombreux scientifiques explorent les thérapies complémentaires possibles pour réduire cet effet secondaire. [2] Des référentiels inter-régionaux en Soins Oncologiques de Support mis à jour en 2013 et portant sur la « Prise en charge des Nausées-Vomissements Chimio-Induits » recommandent, entre autres, le recours à l’acupuncture, indiquant les points conseillés[3] :
L’acupuncture peut agir contre la nausée en secrétant des endorphines ou en inhibant les prostaglandines (qui sont spamogènes) : l’on peut puncturer, par exemple en cas de chimiothérapie contre le cancer du sein, RM12, MC6, Rt4, E36, E44 ; l’on peut aussi prévenir la chimiothérapie en puncturant (jusqu’à ¼ après le début de la perfusion), MC6 (3 à 5 fen de profondeur), E36, RM12 (1 à 1,5 cun de profondeur pour ces deux points).
Un autre effet grave de la chimiothérapie est la chute du nombre des leucocytes (leucopénie), qui peut être traitée par la puncture de DM14, V11, V17, V20, V23, E36, Rt6, voire VB39 (le hui des moelles).
L’irradiation apporte, elle aussi, son lot d’effets secondaires : ce peut être une asthénie (fatigue psychique) due à une chute du nombre de leucocytes (en ce cas l’on puncture les mêmes points que dans le cas de la chimiothérapie) ; ce peuvent être des vertiges et troubles du sommeil : puncturer R6, V62 (rééquilibrage du yin-yang), C7, E8, DM20, DM23 ; ce peut être une douleur brûlante dans un zone non malade : l’on puncture, en dispersion, IG2, IG10, IG12, GI10, puis, en tonification, Rt3, Rt10, V40, V57, puis (pour soulager le foie), toujours en tonification, V18 et R21. Il y a, enfin, des troubles qui sont liés à des interventions mutilantes (par exemple l’incontinence), et contre lesquels l’acupuncture peut aussi lutter.
Parmi les effets indésirables du traitement du cancer : le syndrome main-pied
L’une des missions de l’acupuncture et donc des médecines complémentaires des traitements anti-cancéreux est la lutte contre les effets indésirables. Dans les traitements contre le cancer colorectal, le cancer des ovaires ou le cancer du sein, voire dans des cancers polymétastasés, l’un des effets indésirables est par exemple le syndrome main-pied, qui consiste en une fragilisation de la peau (on parle d’érythrodysesthésie palmo-plantaire) en ces endroits (rougeurs, gonflements, tiraillements, cloques…).
En cas de lymphœdème d’un membre, contre-indiquant la puncture, utiliser le laser ou piquer l’autre membre (ce qui aura tout de même un effet sur le membre non-piqué).
Autre type d’effet secondaire que peut améliorer l’acupuncture, le problème de la chute des cheveux ; sans l’empêcher, l’acupuncture peut accélérer la repousse et réduire la chute des cils et sourcils.