RESISTANCE A L'INSULINE

La résistance à l’insuline (8) : La dépression et l’acupuncture (1))

Acupuncture et depression par le dr Nguyen à Paris

Environ 30% des personnes atteintes de diabète souffrent également de dépression, et 10% de ces cas sont sévères, mettant en lumière le lien entre le diabète et la dépression. L’insuline, une hormone réduisant le glucose sanguin, affecte le système nerveux de plusieurs manières, y compris en favorisant la mémoire, protégeant les neurones, et régulant la plasticité synaptique.

 

Le rôle de l’insuline dans la dépression[1]

Des preuves dès les années 1980 montrent que les récepteurs à l’insuline, largement présents dans le cerveau, influencent la dépression. Les études cliniques et épidémiologiques ont révélé un lien bidirectionnel entre les dysfonctions émotionnelles et métaboliques, avec une sensibilité à l’insuline considérablement réduite chez les jeunes patients dépressifs. L’administration intranasale d’insuline chez des souris éveillées a montré une amélioration de la mémoire et une réduction des niveaux d’anxiété.

Des études ont également exploré l’effet de la résistance à l’insuline dans le cerveau, associant positivement cette résistance à la dépression :

  • L’insuline régule la phosphorylation et le transport des récepteurs AMPA, affectant la plasticité synaptique et les fonctions neurotrophiques, avec des implications pour le traitement de la dépression.
  • L’insuline influence l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HPA), essentiel dans la régulation des réponses au stress et la dépression.
  • Les niveaux de BDNF, un facteur neurotrophique, sont affectés par la signalisation de l’insuline, suggérant que l’insuline peut jouer un rôle dans la modulation de l’humeur et la neuroprotection.
  • Des études explorent également l’interaction entre l’insuline et les neurotransmetteurs monoaminergiques, comme la sérotonine et la dopamine, impliqués dans la dépression, ainsi que le lien potentiel entre l’insuline et le microbiome intestinal (la résistance à l’insuline induite par un régime riche en graisses a été liée à une résistance neuronale à l’insuline, réduisant la fonction neuronale et augmentant le stress neuronal), proposant une nouvelle direction de recherche pour le traitement de la dépression.

[1] Xiao Han Zou, Li Hua Sun, Wei Yang, Bing Jin Li et Ran Ji Cui, “Potential role of insulin on the pathogenesis of depression”, Cell Prolif., 2020 May, 53(5), e12806.

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Conséquences de la résistance à l’insuline sur la dépression

 

Selon deux études distinctes, l’une publiée dans l’American Journal of Psychiatry par des chercheurs de Stanford et basée sur une étude longitudinale néerlandaise impliquant plus de 3 000 participants, et l’autre menée par Karen Ritchie et son équipe de l’Unité Inserm 888, basée à Montpellier, et publiée dans le British Medical Journal, des liens significatifs ont été établis entre la résistance à l’insuline, la dépression, le diabète et les risques accrus de trouble dépressif majeur et de démence.

 

La première étude montre que la résistance à l’insuline pourrait doubler le risque de trouble dépressif majeur, s’appuyant sur l’analyse de 601 hommes et femmes, âgés en moyenne de 41 ans, qui n’avaient jamais souffert de dépression ou d’anxiété auparavant[1].

 

Une augmentation modérée de la résistance à l’insuline liée au « bon cholestérol » était associée à une augmentation de 89% du risque de nouveaux cas de trouble dépressif majeur, tandis qu’une augmentation de la glycémie à jeun de 18 mg/dL était liée à un risque accru de 37%.

 

La deuxième étude révèle que l’élimination du diabète et de la dépression (couplée à une amélioration des capacités intellectuelles et à une augmentation de la consommation de fruits et légumes), pourrait réduire l’incidence des démences et des déficits cognitifs modérés de 21% dans les années à venir[2].

 

En suivant 1 433 personnes en bonne santé de plus de 65 ans entre 1999 et 2001, il a été trouvé que la suppression de la dépression et du diabète aurait le plus grand impact sur la réduction des nouveaux cas de démence, avec une réduction respective de 10% et 11%. L’amélioration des capacités intellectuelles pourrait mener à une baisse de 18% des nouveaux cas sur 7 ans, mettant en avant l’importance des programmes de santé publique promouvant les activités intellectuelles, le traitement rapide des symptômes dépressifs et la détection précoce du diabète pour prévenir la démence.

 

Ces études mettent en lumière des connexions profondes entre le statut métabolique, les troubles de l’humeur, et les capacités cognitives, établissant ainsi des priorités claires pour les interventions futures en santé publique et la recherche médicale. Elles soulignent également l’importance de stratégies préventives intégrées visant à améliorer la qualité de vie et à réduire l’incidence de conditions graves telles que la dépression majeure et la démence.

 

Dr. Nguyen Phuong Vinh.

[1] Kathleen T. Watson, Julia F. Simard, Natalie Rasgon et al., « Incident Major Depressive Disorder Predicted by Three Measures of Insulin Resistance: A Dutch Cohort Study », The American Journal of Psychiatry, Volume 178, Issue 10, October 01, 2021, p. 914-920.

[2] K Ritchie, I. Carrière, CW. Ritchie, C. Berr, S. Artero, M-L. Ancelin, “Designing prevention programmes to reduce incidence of dementia: prospective cohort study of modifiable risk factors”, BMJ, 2010, 341, c3885.

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