ACUPUNCTURE ET LONGEVITE
Longévité : La fonte musculaire ou sarcopénie (1)
Définition et description
Le terme de sarcopénie, employé pour la première fois par Irwen Rosenberg en 1989, signifie littéralement manque (pénie) de chair (sarx). Cela désigne « l’ensemble des processus cellulaires impliqués dans la perte de la masse musculaire et des manifestations cliniques qui en découlent.[1] » en lien avec le vieillissement, c’est-à-dire une perte importante de masse musculaire, associée à une faiblesse musculaire. On parle aussi de fonte musculaire ou de dystrophie musculaire liée à l’âge. De même que la déminéralisation osseuse mène à l’ostéoporose, la perte de muscles liée à l’âge mène à la sarcopénie. Notre corps compte 656 muscles, dont 570 sont des muscles squelettiques, c’est-à-dire attachés à l’os par des tendons (par opposition aux muscles des organes et au muscle du cœur)[2]. C’est de ces muscles qu’on évalue la fonte.
A partir de 40 ans, l’on perd 5-8 % de sa masse musculaire (au profit de la masse grasse) par décennie, puis 30 % entre 50 et 80 ans (1 % par an)[3]. A 30 ans, la masse musculaire représente 45% du poids d’une personne ; à 70 ans, elle n’en représente plus que 27%. Cette perte de masse s’accompagne d’une perte de la force musculaire (-15 %/décennie). Ce sont plus précisément les fibres musculaires qui s’atrophient, les individus perdant la moitié de leurs fibres musculaires entre 20-30 ans et 70 ans ; le sujet âgé perd de sa capacité à contracter rapidement le muscle et il y a un retard important à la ré-innervation des nouvelles fibres musculaires[4]. La sarcopénie prédomine sur les membres inférieurs : perte d’environ 15 %, contre 10 % pour les membres supérieurs.
Prévalence
La sarcopénie touche 10-30 % des sexagénaires et 30-50 % des plus de 80 ans. La fonte de la masse musculaire est plus importante chez les personnes sédentaires et/ou dénutries : 2 à 20 % des personnes âgées vivant à domicile sont dénutries et 38% des personnes âgées vivant en institution. Les personnes qui souffrent d’une pathologie de type cancer, trouble rénal ou digestif sont particulièrement concernées.
L’European Working Group on Sarcopenia in Older People identifie trois degrés de sarcopénie :
- la présarcopénie (diminution de la masse musculaire uniquement),
- la sarcopénie (baisse de la masse musculaire et de la force musculaire et/ou des performances),
- la sarcopénie sévère (baisse de la masse, de la force et des performances).
Conséquences
La fonte musculaire est un facteur de risque de perte d’autonomie. Elle a de multiples conséquences : fatigabilité, difficulté à se lever d’un siège, risques de chutes, de fractures. En outre, sarcopénie et arthrose ont une influence mutuelle[5]. Le muscle étant le premier tissu consommateur de glucose, la réduction de la masse musculaire expose aussi au risque de dysmétabolisme, en particulier de diabète de type 2[6].
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Diagnostic
On ne se rend pas compte de la sarcopénie en mesurant le poids car, quand on perd du muscle, on gagne souvent de la graisse. Pour poser un diagnostic, on peut pratiquer des tests[7] :
- La vitesse de marche est inférieure à 1 m/s sur 6 mètres ou à 0,8 m/s sur 4 mètres.
- Le score de performance globale SPPB (short physical performance battery), calculé à partir de trois tests notés sur quatre points, est inférieur à 8. Ces tests évaluent l’équilibre, la vitesse de marche et la capacité du patient à se lever d’une chaise cinq fois de suite.
- Les capacités à exécuter une série de manœuvres simples, évaluées à l’aide du test TUG (Time up and go test) – se lever d’une chaise avec accoudoir, marcher trois mètres jusqu’à un repère, faire demi-tour et revenir s’asseoir – sont diminuées.
- Des tests de préhension ou d’extension et flexion des genoux sont aussi pratiqués.
C’est l’échelle dite SARC-F[8] qui est la référence :
La fonte musculaire peut également être objectivée :
- En mesurant la circonférence des muscles des membres, par exemple l’épaisseur du quadriceps. Chez des patients alités de 50 à 70 ans, entre j1 et j10, l’épaisseur du muscle quadriceps diminue de 15 %. La force musculaire brute est réduite de 54 %[9].
- La bio-impédancemétrie offre en outre une indication de la composition du corps en masse grasse et en masse musculaire en fonction de la résistance des tissus au passage d’un courant de faible intensité.
Dr. Nguyen Phuong Vinh.
[1] J. Maillet, A. Hermet, A. Roren, S. Poiraudeau, « Sarcopénie et arthrose », La Lettre du Rhumatologue, no 412-413, mai-juin 2015, p. 32-41, https://www.edimark.fr/Front/frontpost/getfiles/22921.pdf
[2] « La fonte musculaire, est-ce inévitable passé un certain âge ? Explications », Ouest France/Le Mag du Sénior, https://lemagdusenior.ouest-france.fr/dossier-1151-fonte-musculaire.html
[3] Xavier Bigard, « Quelles stratégies pour minimiser la sarcopénie du sujet âgé », dans CERIN, « La place des protéines dans le maintien de la masse musculaire du senior actif », jeudi 26 septembre 2013, 6ème congrès commun de la Société Française de Médecine de l’Exercice et du Sport et de la Société Française de Traumatologie du Sport, Strasbourg, https://www.cerin.org/wp-content/uploads/2017/01/prog-senior-cerin-26.09.pdf
[4] S.T. Arthur, I.D. Cooley, « The effect of physiological stimuli on sarcopenia; impact of Notch and Wnt signalling on impaired aged skeletal muscle repair. », Int J Biol Sci, 2012;8:731-60.
[5] J. Maillet, A. Hermet, A. Roren, S. Poiraudeau, « Sarcopénie et arthrose », La Lettre du Rhumatologue, no 412-413, mai-juin 2015, p. 32-41, https://www.edimark.fr/Front/frontpost/getfiles/22921.pdf
[6] Koopman R, van Loon LJ. Aging, exercise, and muscle protein metabolism. J Appl Physiol 2009;106:2040-8.
[7] Marielle Mayo, « Sarcopénie », Passeport santé, décembre 2018, https://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=sarcopenie
[8] J. Woo, J. Leung, J.E. Morley, « Validating the SARC-F: a suitable community screening tool for sarcopenia? », J Am Med Dir Assoc, septembre 2014, 15(9):630-4 ; S. Ida, R. Kaneko, K. Murata, « SARC-F for Screening of Sarcopenia Among Older Adults: A Meta-analysis of Screening Test Accuracy. », J Am Med Dir Assoc., août 2018, 19(8), 685-689 ; M. Joerger, T. Fauchier, F. Le Duff et al., « Évaluation du questionnaire SARC-F dans le dépistage de la sarcopénie liée à l’âge. », Nutrition clinique et métabolisme, 2016, 30(1), 46-7.
[9] Hussam Foufa, « Évaluation de la relation entre la perte musculaire et la force musculaire chez les patients de réanimation », DES en anesthésie et réanimation, 2015, https://www.researchgate.net/publication/284104772_Evaluation_de_la_relation_entre_la_perte_musculaire_et_la_force_musculaire_chez_les_patients_de_reanimation