ACUPUNCTURE ET LONGEVITE
Longévité : La fonte musculaire ou sarcopénie (3)
Les deux piliers de la lutte contre la sarcopénie, fonte musculaire liée à l’âge, sont la nutrition et l’activité physique.
Nutrition
Augmenter l’apport protéique de l’alimentation ne suffit pas toujours pour atteindre les apports journaliers recommandés, évalués à 1 à 1,2 grammes par kilogramme de masse corporelle et par jour chez la personne âgée. En effet, les protéines apportées par l’alimentation ne profitent pas aux personnes âgées de la même manière qu’aux individus plus jeunes.
C’est notamment parce que le seuil post-prandial qui, à un certain taux de concentration d’acides aminés au cours du repas, permet de déclencher le signal anabolique nécessaire au renouvellement des protéines musculaires, s’élève avec l’âge. Il faut donc augmenter la quantité d’acides aminés apportée au muscle squelettique au moment de la prise alimentaire[1]. Or, il a été observé que concentrer l’apport protéique sur un ou deux repas provoque une arrivée abrupte et importante des acides aminés dans le sang. On parle de nutrition pulsée pour désigner cette concentration de 80 % des apports protéiques journaliers en un seul ou deux repas. Ce type de régime a montré son efficacité chez les personnes âgées dénutries[2].
Par ailleurs, si on classe les protéines alimentaires en protéines à digestion rapide et lente, c’est qu’elles induisent des niveaux différents d’amino-acidémie post-prandiale : c’est donc la rapidité d’apparition de certains acides aminés qui confère aux protéines dites « rapides » leur effet stimulateur sur la synthèse des protéines musculaires. En outre, il existe un acide aminé, la L-citrulline, capable d’échapper à ce phénomène de hausse du seuil post-prandial[3] ; les sources naturelles de L-citrulline sont la citrouille et, dans une moindre mesure, le concombre, le melon, la citrouille et la courge.
Parmi les protéines dites rapides, on trouve les protéines riches en leucine, c’est-à-dire les protéines du lactosérum, qui sont les protéines solubles du lait et des produits laitiers[4]. Une source protéique rapide dans une matrice liquide (lactosérum) permet de s’affranchir partiellement des problèmes d’efficacité masticatoire chez la personne âgée. Des supplémentations en leucine libre ont montré un effet positif sur la synthèse des protéines musculaires après la prise de repas chez les individus âgés[5].
Mais une étude tend à montrer que les protéines du lactosérum, efficaces pour restaurer la synthèse des protéines musculaires, ne maintiendraient pas cette stimulation pendant toute la période postprandiale[6] Un mélange de protéines rapides et lentes pourrait être envisagé.
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Activité physique[7]
De nombreuses études ont permis d’évaluer les effets d’exercices de musculation et d’endurance sur la masse musculaire et les performances du muscle chez les personnes âgées[8]. L’activité physique aide à réduire l’impact de l’amyotrophie[9], en association à des apports nutritionnels sélectifs[10]. L’activité physique permet d’augmenter la taille des fibres musculaires de tous types. De plus, la pratique régulière d’exercices de musculation adaptés permet de réduire l’état inflammatoire de bas-grade[11], et d’améliorer l’efficacité de systèmes protéiques de protection cellulaire, comme les protéines de stress thermique[12]. Enfin, en soumettant l’organisme à des contraintes, l’activité physique stimule des adaptations telles que la synthèse du tissu osseux et musculaire, mais aussi nerveux (connexions neuronales)
La recommandation classique stipule un minimum de 30 minutes de marche. ; parallèlement, deux à trois fois par semaine, il est bon d’avoir une activité physique différente de la marche. L’entraînement en endurance entraîne une augmentation de la densité capillaire et de la capillarisation musculaire, d’où une amélioration de la distribution de l’oxygène dans le muscle. En plus de ses effets favorables sur la fonction cardiovasculaire, l’entraînement en endurance est bon pour les défenses antioxydantes[13]. Les bénéfices fonctionnels d’un entraînement en musculation concernent la qualité de la locomotion, la vitesse de marche, la mobilité générale, d’où une amélioration de l’autonomie. Bien sûr, il ne s’agit pas de soumettre l’appareil locomoteur et cardiovasculaire à des efforts maximaux, car les structures fragilisées peuvent céder (arrachements de tendons, hernies inguinales, ruptures d’anévrisme).
Voici des exemples d’exercices à répéter deux à trois fois par semaine [14] :
- flexion/extension debout ; lever de genoux ; élévation latérale de la jambe,
- lever de chaise ; en position assise, maintien d’une jambe levée parallèlement au sol en contraction.
Acupuncture
Des effets très intéressants de l’acupuncture ont par ailleurs été démontrés pour lutter contre la fonte musculaire et les douleurs liées à la sarcopénie[15].
[1] Dominique Dardevet, « Résistance à l’anabolisme post-prandial », dans CERIN, « La place des protéines dans le maintien de la masse musculaire du senior actif », jeudi 26 septembre 2013, 6ème congrès commun de la Société Française de Médecine de l’Exercice et du Sport et de la Société Française de Traumatologie du Sport, Strasbourg, https://www.cerin.org/wp-content/uploads/2017/01/prog-senior-cerin-26.09.pdf ; J.E. Morley, J.M. Argiles et al., « Nutritional recommendations for the management of sarcopenia », J Am Med Dir Assoc, 2010, no 11, p. 391-396.
[2] O. Bouillanne, E. Curis, B. Hamon-Vilcot, I. Nicolis, P. Chrétien, N. Schauer, J.P. Vincent, L. Cynober, C. Aussel, « Impact of protein pulse feeding on lean mass in malnourished and at-risk hospitalized elderly patients: A randomized controlled trial. », Clin Nutr, août. 2012.
[3] HAS, « Stratégie de prise en charge en cas de dénutrition protéino-énergétique chez la personne âgée », avril 2007, http://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/denutrition_personne_agee_2007_-_argumentaire.pdf
[4] Dominique Dardevet, art. cit.
[5] I. Rieu, M. Balage, C. Sornet et al., « Leucine supplementation improves muscle protein synthesis in elderly men independently of hyperaminoacidaemia. », J Physiol-London, 2006, no 575, 305 ; C.S. Katsanos, H. Kobayashi, M. Sheffield-Moore, A. Aarsland, R.R. Wolfe, « .A high proportion of leucine is required for optimal stimulation of the rate of muscle protein synthesis by essential amino acids in the elderly. », Am J Physiol Endocrinol Metab., août 2006, vol. 291, no 2, p. 381-387.
[6] M. Lacroix, C. Bos, J. Léonil, G. Airinei, C. Luengo, S. Daré, R. Benamouzig, H. Fouillet, J. Fauquant, D. Tomé, C. Gaudichon, « Compared with casein or total milk protein, digestion of milk soluble proteins is too rapid to sustain the anabolic postprandial amino acid requirement. », Am J Clin Nutr., 2006, vol. 84, no 5, p. 1070-1079.
[7] « La fonte musculaire, est-ce inévitable passé un certain âge ? Explications », Ouest France/Le Mag du Sénior, https://lemagdusenior.ouest-france.fr/dossier-1151-fonte-musculaire.html
[8] W.R. Frontera, X. Bigard, « The benefits of strength training in the elderly. », Sci Sports, 2002, no 17, p. 109-116 ; F. Mayer, F. Scharhag-Rosenberger, A. Carlsohn, M. Cassel, S. Müller, J. Scharhag, « The intensity and effects of strength training in the elderly », Dtsch Arztebl Int, 2011, no 108, p. 359-364.
[9] H. Syddall, M. Evandrou, C. Cooper, A. Aihie Sayer, « Social inequalities in grip strength, physical function, and falls among community dwelling older men and women: findings from the hertfordshire cohort study. », Journal of Aging and Health, 2009, no 21, p. 913-939.
[10] Xavier Bigard, « Quelles stratégies pour minimiser la sarcopénie du sujet âgé », dans CERIN, « La place des protéines dans le maintien de la masse musculaire du senior actif », jeudi 26 septembre 2013, 6ème congrès commun de la Société Française de Médecine de l’Exercice et du Sport et de la Société Française de Traumatologie du Sport, Strasbourg, https://www.cerin.org/wp-content/uploads/2017/01/prog-senior-cerin-26.09.pdf
[11] T.W. Buford, M.B. Cooke, D.S. Willoughby, « Resistance exercise-induced changes of infl ammatory gene expression within human skeletal muscle », Eur J Appl Physiol, 2009, no 107, p. 463-471.
[12] I. Bautmans, R. Njemini, S. Vasseur, H. Chabert, L. Moens, C. Demanet, T. Mets, « Biochemical changes in response to intensive resistance exercise training in the elderly », Gerontology, 2005, no 51, p. 253-265.
[13] L.L. Ji, « Exercise-induced modulation of antioxidant defense. », Ann N Y Acad Sci, 2002, no 959, p. 82-92.
[14] Marielle Mayo, « Sarcopénie », Passeport santé, décembre 2018, https://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=sarcopenie
[15] Yang Jing, Huang Ying, Li Ju, « Effects of Warm Acupuncture Therapy on Sarcopenia in Maintenance Hemodialysis Patients and Its Effect on Serum Irisin and TNF-α », Shanghai Journal of Acupuncture, déc. 2022, Volume 41, Issue 12 ; Jing Jin, Zhengyu Yang et al., « Effects of acupuncture on the miR-146a-mediated IRAK1/TRAF6/NF-κB signaling pathway in rats with sarcopenia induced by D-galactose », ATM, Vol 11, No 2, 31 janvier 2023 ; Patrick Sautreuil, Tuy Nga Brignol et Philippe Thoumie, « Acupunture et douleurs musculaires dans les dystrophies musculaires. Quels effets ? », Med Sci (Paris), 2018 ; 34 (Hors série n°2), 16-19 ; Gisele Soares Mendes Damasceno et al., « Acupuncture Treatment in Elderly People with Sarcopenia: Effects on the Strength and Inflammatory Mediators », J Aging Res., 2019; 8483576.