Traiter la dépression[1]

La première étape du traitement de la dépression chez la personne âgée est d’établir un climat de confiance, en interrogeant et écoutant, de manière à encourager au partage des émotions et à convaincre la personne de se soigner. Ensuite, de nombreuses mesures peuvent être mises en place :

• suivre une psychothérapie (thérapie comportementale et cognitive ou thérapie interpersonnelle) ; L’attitude psychothérapique[2] aide le patient dépressif à donner du sens à son histoire personnelle, à la fin de sa vie dans une trajectoire globale. En revenant sur ses souvenirs, il effectue un bilan qui participe à sa revalorisation narcissique ;
• prendre des médicaments antidépresseurs[3] (corriger certains déséquilibres au niveau des neurotransmetteurs, en ciblant les neurones à sérotonine, noradrénaline et dopamine), dans l’une des trois familles d’antidépresseurs (inhibiteurs de la recapture de la sérotonine, certains bloquant également la recapture de la noradrénaline ; les imipraminiques, IMAO ; les autres antidépresseurs)[4]; généralement, le traitement débute à de faibles dosages, en tenant compte de la présence d’autres maladies (comorbidité) et de la polymédication (prise de nombreux médicaments) ;
• pratiquer une activité physique régulière et adaptée ;
• avoir une alimentation équilibrée, une consommation d’alcool modérée ; faire le plein de d’oméga 3 comportant des propriétés antidépressives ; manger au moins 3 fois par semaine des poissons gras (saumon maquereau…) ; consommer de l’huile de colza ou de noix ; privilégier les bananes, le chocolat et les noix car ils apportent du magnésium ;
• avoir des horaires de sommeil réguliers ;
• multiplier les activités (bénévolat, hobbies…) ;
• communiquer avec son entourage au maximum et resserrer les liens familiaux (en pratiquant des activités avec les enfants et les petits-enfants…) ;
• s’exposer à la lumière du jour, car cela réduit le stress et l’anxiété,
• corriger les problèmes auditifs et visuels (qui entraînent le repli sur soi),
• homéopathie[5]: 3 granules 3 fois par jour de l’un ou plusieurs des remèdes suivants :
• lors de sautes d’humeur, d’hystérie, de contrariétés : Ignatia 9 CH ;
• en cas d’isolement, de manifestations physiques : Natrum muriaticum 9 CH ;
• s’il y a du découragement, des larmes : Pulsatilla 9 CH ;
• en cas d’anxiété, de peur de ne pas guérir : Arsenicum album 9 CH ;
• en cas de pulsions suicidaires : Aurum metallicum 9 CH ;
• s’il y a du surmenage, une baisse de la mémoire : Kalium phosphoricum 9 CH ;
• phytothérapie :
• croquer 1 g de ginseng (racine) chaque jour, le matin. En cures de 10 jours espacées de 10 jours ;
• préparer une tisane : mettre 1 g de ginseng dans une casserole contenant une tasse d’eau bouillante. Laisser frémir 5 minutes. Retirer la racine. Boire le matin au réveil. Par cures de 10 jours espacées de 10 jours.
• aromathérapie:
• respirer à même le flacon, plusieurs fois par jour, les huiles essentielles de verveine citronnée ou de bergamote ou de litsée citronnée ;
• verser 1 goutte d’huile essentielle de mélisse ou d’angélique dans un quart de cuillerée à café de miel et laisser fondre dans la bouche 3 fois par jour.
• la stimulation magnétique transcrânienne répétée (ou r-TMS, repeated Transcranial Magnetic Stimulation) est en cours d’évaluation chez le sujet âgé[6]. Le principe de cette technique repose sur une stimulation cérébrale non invasive par application répétée d’une impulsion magnétique brève. Le champ magnétique de la rTMS décroît exponentiellement avec la distance entre le point de stimulation et le cortex pré-frontal ; une atrophie pré-frontale marquée nécessite donc d’augmenter les intensités de stimulation. Les sujets déprimés âgés répondeurs à la rTMS ont d’ailleurs un volume frontal significativement plus élevé que les non répondeurs.
• suivre des thérapies complémentaires (art thérapie, zoothérapie, musicothérapie, luminothérapie, jardins thérapeutiques, ateliers autobiographiques, hypnose, relaxation, yoga, Qi Gong) ;
• bénéficier de massages.

Il est rare que l’une ou plusieurs de ces mesures n’apportent pas de soulagement la dépression de la personne âgée.

Dr. Nguyen Phuong Vinh.